Il était une fois Ocelot Sauvage...Chapitre I : Les cendres de mon enfance
{Il fait bon. Le Plein est chaud et agréable. Mais petit. Trop. Un coup de patte. Puis deux. L'instinct. Dehors. Pousse. Fort. Trop de lumière. Froid. Dur. Faim. Bon. A moi. Du bruit. Trop. Mais chaud. Dodo...}
-Petit Ocelot ! Petit Ocelot !Ton cœur de chaton bat à la chamade. Autour de toi, la chaleur augmente... La pouponnière est brûlante et attirante à la fois. Maman t'as expliqué qu'elle a prit feu. On est préparés à ce genre de situation elle a dit. Alors pourquoi t'es tout seul ? Tu cherches son pelage familier. Personne. Elle t'a dit de la suivre pour sortir du camp. Mais le Feu est beau, tu as retourné une dernière la tête mais après elle était plus là. Tu paniques, un grand bout de bois est tombé à côté. Tout brillant comme ton nid. Qui brûle. Brûle. Le bout de bois couine. Non, c'est un chat. Un chaton, comme toi. Qui brûle aussi. Devant toi. Tes yeux sombres écarquillés sur ce spectacle d'horreur d'un félin qui meure. Les cris étouffés du chaton. Et de ta Maman. Maman ? Elle crie ton nom. Petit Ocelot. Oui, c'est moi. Mais toi, tu es où ? J'ai peur. Maman est derrière le bout de bois en feu. Tu essayes de passer dessous. Aïe ! Mais ça brûle trop. Tu te roules par terre de douleur. Ta cuisse gauche est rongée par le mal. Quelque chose t'attrape par la peau du cou. Maman ! Tu tousses. Moins chaud. En sécurité.
- Il s'en tirera mais je pense qu'il gardera la cicatrice toute sa vie, ou du moins une bonne partie, vu son pelage court.Tu te tord le cou pour fixer ta cuisse meurtrie. Toute la vie ? Berk. Hier, le Clan était triste. On a veillé un truc noir. Qui avait brûlé. Le chaton. La maman du bébé avait pleuré, beaucoup. Et toi, t'étais coupable. Dans ta tête. Les autres te disaient pas ça. Mais tu le voyais. Dans leurs yeux. Reproche. Ou c'était ta reproche qui se reflétait dans eux ? Tu sais pas. Maintenant, fier, tu exhibes ta cicatrice aux autres chatons. Tu te vantes. Pour cacher ta peine. Mais à chaque fois que tu la vois, t'es coupable. Ta faute ? Oui ? Non ? Tu sais pas. Tu sais rien. Beaucoup de questions pour un chaton comme toi. Même trop. Et la même question revient tout le temps et sort du lot :
Et si ça avait été moi ? Chapitre II : La flamme de ma détermination
- Nuage Sauvage, c'est très bien mais évites d'attendre trop longtemps avant de te retourner.Tu prends en compte chaque conseil que te donne ton mentor. Tes espérances demandaient des capacités que tu te devais d'avoir. Être chef, protéger le Clan du Feu, l'élever au rang du Clan le plus fort, tout ça était concentré dans un seul et même but : le tien. Ton apprentissage tendait à sa fin et tu avais plus que hâte de devenir guerrier. Après tout, tu étais l'apprenti le plus prometteur ! N'empêche, Nuage de Pivoine est forte aussi. Une rivalité constante vous empêchait de vous supporter. Elle ne voulait pas admettre que tu étais plus fort qu'elle, et toi tu ne voulais pas non plus admettre qu'elle soit plus agile.
Le soleil brille haut dans le ciel. Il met si bien ton pelage moucheté en valeur ! Quelques apprentis égarés d'écoutent parler de toi d'un air soi lasse, soi admirateur. Oui, tu es le meilleur, et rien ne peut changer ça. Cette journée aurait tout pour être parfaite, cependant un évènement vient voiler ton bonheur. Nuage de Pivoine, de 3 lunes ton aînée, va devenir guerrière. Tu enrages en imaginant l'air triomphant plaqué sur son visage détestable. Tu avais eu l'impression d'un cou au ventre quand elle t'avait annoncé la nouvelle. Tes moustaches avaient frisé de frustration, et tu avais du les cacher en faisant tournant la tête pour faire croire que tu t'en fichais complétement. Ah tiens, l'Assemblée est déjà en train de se former alors que le chef n'a même pas encore annoncé le début. Comme quoi, la nouvelle circule vite, penses-tu avec acerbité. Puisqu'il le faut, tu te diriges vers le troupeau d'apprentis d'un air maussade. Bientôt, oui bientôt, ce sera ton tour.
Depuis que Nuage de Pivoine est devenue Rouge Pivoine, tu te sens inférieur à elle pour la première fois. Alors, jour et nuit, tu t'entraines jusqu'à n'en plus pouvoir. Tous les soirs, tu sors en cachette du camp et répètes tes enchaînements sur le terrain dit "Terre brûlée". Le jour, tu assailles ton mentor, Envol du Pinson, pour qu'il t'apprenne toujours plus. Un jour, le guérisseur a fait un contrôle général de tout le Clan. Quand ce fut ton tour, il détecta tout de suite les signes de fatigue que ton corps trahissait. Tu eu le droit à trois jours de convalescence surveillée auprès du matou, et les heures passaient, toutes aussi ennuyeuses les unes que les autres. Et toi, tu ruminais encore et toujours la même question :
Et si ça avait été moi ?Chapitre lll : Le brasier de ma victoire
"...Nuage Sauvage tu t'appelleras Ocelot Sauvage..."Ces mots résonnaient comme une victoire dans ta tête. Tu avais appris ce matin que ton baptême de guerrier était prévu pour ce soir. L'excitation t'avait empêché de te concentrer sur quoi que ce soit, même les tâches les plus simples. Le discours t'importait peu, seul ton nom était important. Enfin, après tout tes efforts, enfin tu devenais un guerrier véritable. Le poitrail gonflé par la fierté, tu avait accompli le rituel avec la dignité qui incombait à un membre du Clan du Feu. Sous les regards des autres, tu étais passé d'apprenti à guerrier. Ces pensées ne quittaient pas ton esprit tandis que tu te dirigeais vers la foule qui scandait ton nouveau nom. Ainsi, Rouge Pivoine ne pourrait plus te regarder de haut. Tu étais de nouveau le plus fort.
Cela fait exactement six jours que tu as été nommé guerrier. Malheureusement, pendant ces six jours, le chef du Clan du Feu, Etoile des Lendemains, est mort. Son lieutenant, Opale de Feu, a donc prit la relève. Même si tu n'avais pas encore eu d'apprenti, tu espérais être nommé lieutenant. Oh, bien sûr tu étais attristé par la mort de l'ancien chef, mais qui ne convoiterait pas une occasion pareille d'accéder au pouvoir ? D'après toi, tu possédais toutes les qualités requises afin d'occuper le poste de lieutenant, puis chef. Il y a longtemps que les activités quotidiennes du camp avaient cessées. Comme pour le baptême de Rouge Pivoine, tout le monde était déjà rassemblé avant l'appel d'Etoile d'Opale. Un mauvais pressentiment surgit quand tu repensas à cet évènement, mais tu ne te laissas pas démonter. Ce serait toi le nouveau lieutenant, tu n'avais aucun doute là dessus. Quand le chef arriva, le soleil derrière lui le protégeait comme un cercle de feu. Tu décidas d'y voir un bon présage et raffermit ton assurance.
"...Je nomme Rouge Pivoine lieutenante du Clan du Feu..."Ce fut comme une douche glacée. Des frissons te parcouraient tout le corps, et tes pupilles s'étrécirent. Il devait y avoir une erreur. Ce devait être toi, le lieutenant. Bon sang, tout mais pas elle ! Alors que tu venais enfin d'arriver à son niveau, elle trouvait encore un moyen pour se placer au dessus de toi ! Ta fureur montait à une vitesse ahurissante, et ta haine n'eu plus de limites. Il fallait la tuer, il fallait qu'elle disparaisse de ta vie ! Quelques félins te regardaient d'un air inquiet, d'autres ne se gênaient pas pour t'observer d'un air moqueur. Imbéciles ! Furieux, tu traversas la foule et fondit sur l'entrée du camp. Se calmer. Réfléchir. Temporiser. Cela t'était tout bonnement impossible. Plus jamais tu ne pourrais te montrer aux yeux de tous après cette humiliation. Cette machination, ce complot visant à faire s'abattre la honte sur toi, tout cela te mettait en rage. Alors, au pied de la Montagne, tu fis le serment de la dépasser un jour, quel qu'en serait le prix, quel que soit le temps que tu mettrais à la surpasser, tu y arriverais. Coûte que coûte.
Parole de guerrier.
Et si ça avait été moi...?
Chapitre IV : Le phoenix de mon amour
L'amour. C'est quelque chose que tu ne pensais jamais pouvoir éprouver. En vérité, personne ne pouvait être mieux que toi. Ce qui te désespérais au plus haut point, ne pouvant pas tomber amoureux de toi-même. Et pourtant, c'est arrivé. Non pas un coup de foudre, non, ça a été lent, très très lent. Si on t'avais dis que un jour tu te serais entiché de Rouge Pivoine, jamais tu ne l'aurais cru. Maintenant que tu y fais attention, tu trouves son pelage sublime, sans parler de ses yeux qui te fusillent du regard en permanence. Tu es là, dans un coin ensoleillé du camp, allongé près de ta compagne et tu te rappelles encore une fois l'évolution de votre relation.
Rouge Pivoine lieutenant. L'enfer. Ou du moins c'est ce que tu pensais. Tu avais imaginé les moqueries, les insultes qu'elle te jetterait à la figure. Tu te voyais déjà, humilié en public par la nouvelle lieutenante qui te donnait des tâches d'apprenti. Et contrairement à toutes tes craintes, elle te traite comme n'importe quel autre guerrier. Elle t'adresse la parole comme si votre rivalité d'antan avait fondu comme neige au soleil ! Le pire, c'est que même toi tu commençais à oublier les raisons de ta colère contre elle. Son attitude te bouleversait. Tantôt tu avais l'impression qu'elle faisait exprès pour te faire tourner en bourrique, tantôt tu te demandait si la période où vous étiez apprentis et rivaux avait eu une quelconque importance pour elle. Ce qui avait fait ta force, pour elle ce n'était qu'un moment dans une journée entière ? La première fois que tu lui as parlé comme à ton lieutenant, elle avait entretenu la discussion avec habileté. Tu t'étais rendu compte que après son baptême, tu avais cessé de lui adresser la parole. Pendant que tu restais dans ta gaminerie, elle, elle avait mûri. Frustrant. Très frustrant. Tu aurais pu monter tes camarades contre elle, si elle n'avait pas été respectée par l'ensemble du Clan.
Et pourtant, petit à petit, toi aussi tu finis par accepter les faits. La haine fit place à l'admiration, sans que tu saches trop pourquoi. Si tu avais fait pars de tes doutes à tes amis, ils t'auraient rit au nez en te disant que tu tombais amoureux d'elle. Elle te chamboulait complétement, mais tu refusais d'admettre que c'était la raison de ce bouleversement. De plus, un autre évènement allait changer ta vie. Tu allais être grand-frère.
Petit Poivre a bien grandit. C'est aujourd'hui son baptême d'apprentie. Autant dire qu'elle attendait ça avec impatience. L'hiver a été rude, et Mère n'avait pas assez de lait pour nourrir ses deux filles. Petit Poivre était la plus robuste, c'est elle qui a survécut. Tu penses que, d'un certain côté, elle aussi se répète toujours la même question. Et si ça avait été moi ? Mais elle en tire profit pour vaincre. Elle veut faire honneur à sa sœur défunte et veut devenir la meilleure apprentie du Clan. Tu lui souhaites bonne chance. Tiens, la voilà qui arrive ! Ta mère lui donne quelques coups de langues autant pour plaquer ses épis sur son crâne que pour la féliciter. Tu te frottes à elle, fier comme un paon.
Petit Poivre va devenir Nuage Poivré.
Bien, maintenant tu penses savoir pourquoi ton cœur à choisi Rouge Pivoine. C'est en partie grâce à ta sœur, qui t'a donné le sens des responsabilités. C'est aussi grâce à toi-même, qui a su franchir les obstacles sans faiblir. Inconsciemment, tu laisses ton pelage se gonfler de fierté, ce qui n'échappe pas à ta compagne qui te donne un coup de patte réprobateur. Malgré toi, un léger ronron vient accueillir sa remontrance, et tu lui donnes un coup de langue affectueux sur l'oreille. L'amour, c'est vraiment quelque chose de merveilleux.
...Mais...et si ça avait été moi...?~ FIN ~